La géopuncture de l'habitat, c'est quoi ? #épisode 1
- Patrick PRUVOST
- 3 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mars
Dans de nombreuses cultures, les os étaient considérées comme des objets puissants, liés à la vie, à la mort et à la spiritualité.
Planter un os dans un mur en bauge pouvait être vu comme un acte de protection, destiné à éloigner les mauvais esprits.
Symbolique de l’os : Un médiateur entre les mondes
L’os, en tant que vestige durable d’un être vivant, incarne un pont entre le visible et l’invisible : Symbole de mémoire, il rappelle le sacrifice ou l’offrande, maintenant un lien avec le passé.
L'os illustre comment les anciens ritualisaient leur rapport à la terre, à la mort et au sacré, transformant un simple mur en une frontière symbolique entre le profane et le mystérieux.

La longévité de l’os renforçait sa dimension magique ou spirituelle. Pour les bâtisseurs, insérer un os dans un mur n’était pas seulement utilitaire : c’était un acte destiné à durer au-delà des générations, comme une protection éternelle contre les forces maléfiques. L'os est préféré au clou qui s'oxyde avec le temps.
Influence des croyances celtiques
De nombreuses régions de l'ouest de la France, ont été influencée par les croyances celtiques et païennes avant la christianisation. Ces cultures attribuaient une grande importance aux rites de protection et aux offrandes symboliques. L'os, en tant que reste d'un animal, pouvait être utilisé dans des rituels propitiatoires pour apaiser les esprits de la nature ou pour renforcer les limites d'un espace sacré.

Offrandes aux esprits de la terre et du territoire
Dans les sociétés d’inspiration celtique ou gauloise, les constructions humaines (maisons, murs, puits) étaient souvent accompagnées de rituels pour s’attirer la bienveillance des esprits du lieu (génies, divinités locales ou ancêtres). En Basse-Normandie, la région est marquée par l’héritage des peuples gaulois (comme les Unelles, les Baiocasses, les Viducasses ou les Abrincates), planter un os dans un mur pouvait être une offrande symbolique destinée à :
Apaiser les esprits perturbés par l’édification d’une structure humaine sur un territoire "sauvage". Certains murs bordant des chemins creux étaient réputés hantés par des esprits de défunts. L’os servait alors d’offrande pour calmer ces âmes et les empêcher de perturber les vivants.
Établir un pacte de non-agression avec les forces invisibles, en leur offrant un fragment de vie (l’os de bovins ou cochons) en échange de leur protection.
Honorer une divinité associée à la terre ou aux limites, comme Cernunnos (divinité celtique liée à la fertilité) ou des esprits locaux anonyme.

Avec l'arrivée du christianisme, certaines de ces pratiques anciennes ont été réinterprétées ou intégrées dans un cadre religieux. Par exemple, l'os pouvait être béni ou associé à un saint protecteur, comme saint Méen (protecteur des animaux), saint Michel (archange protecteur) ou saint Clair (saint local normand invoqué contre les maléfices).

L'os comme objet de protection
Dans la tradition normande, les os étaient parfois considérés comme des objets ayant un pouvoir spirituel ou magique :
Protection contre les esprits maléfiques : Les os, en tant que restes d'êtres vivants, étaient parfois perçus comme capables de repousser les forces négatives ou les mauvais esprits. En les intégrant dans un mur, on créait une sorte de "barrière magique" pour protéger la maison, le bétail ou les récoltes.
Lien avec les ancêtres ou les animaux : L'os pouvait symboliser une connexion avec les ancêtres ou les animaux sacrifiés, invoquant leur protection spirituelle pour le foyer ou les terres.
Conclusion
L’usage de l’os dans les murs en bauge incarne une pratique, ancrée dans les traditions rurales. L'os servait à la fois :
De protection symbolique contre les esprits maléfiques ou les malédictions, héritage des croyances celtiques.
D’offrande rituelle aux divinités, ancêtres ou forces naturelles, pour assurer prospérité et harmonie avec le territoire.
Cet héritage gaulois, réapproprié par les chrétiens révèle une vision du monde où le sacré, le quotidien et la nature s’entrelacent.